La Ligue des Organisations des Femmes Paysannes du Congo (LOFEPACO) a procédé à l’organisation des réunions bilan du 12 au 13 Août 2025 dans les sites de Ighaviro et Bingo, situés respectivement dans les secteurs de Ruwenzori et Beni-Mbau dans le territoire de Beni au Nord-Kivu, c’est dans la partie Orientale de la République Démocratique du Congo où cette organisation paysanne en partenariat avec le Collectif Stratégies Alimentaires CSA, soutenu par l’Union Européenne en collaboration avec l’ACP et AGRICORD, exécute le projet d’innovation participative des pratiques agroécologiques dans le Nord-Kivu, lequel projet prône l’approche Recherche-action entre les agriculteurs, les animateurs et les chercheurs pour mener des actions à partir des préoccupations de la base.
Ces réunions-bilan portaient sur les différentes activités menées sur base de différents protocoles élaborés de manière concertée (agriculteurs, chercheurs et animateurs) à partir des thématiques de recherche sur les pratiques agroécologiques innovantes en Territoire de Beni. A Ighaviro tout comme à Bingo, il était question de présenter les activités réalisées et les expériences pratiques acquises au cours de la saison de mars 2025 sur la culture du riz, mais également définir les perspectives d’avenir pour les activités à mener pendant la saison de septembre 2025. Au cours de ces réunions-bilan, les agriculteurs de ces deux sites se sont exprimés sur les activités menées pendant cette saison culturale.
Tout en remerciant l’accompagnement de la LOFEPACO, Madame DIDI ISAMBA MBAMBU SEMERITA, l’une de vingt agriculteurs bénéficiaires du projet d’innovation participative des pratiques agroécologiques dans le Nord-Kivu en République Démocratique du Congo dans le site Ighaviro, parle de plusieurs acquis de ce projet et surtout dans les pratiques agroécologiques.
« Avec ce projet, nous constatons que la LOFEPACO est en train de nous aider à lutter contre la pauvreté et enrichir notre connaissance sur les pratiques agricoles mais également assurer la fertilité de nos sols… Nous venons d’évaluer la saison de mars2025. Nous avions préparé le champ, les agronomes et ingénieurs venus de la LOFEPACO nous ont montré les différentes pratiques pour lutter contre le striga et voir la fertilité du sol. Nous avions subdivisé notre champ en plusieurs parties qui servaient pour l’expérimentation. Avec ces différentes subdivisions, il y a une partie où nous avions fait un sarclage, une autre deux et une autre partie où nous avions sarclé trois fois suivi de l’utilisation de l’engrais notamment les fumiers et les parches de café bien décomposées …Après analyse nous avons constaté que là où nous avions utilisé de l’engrais (fumier) et sarclé trois fois le résultat a été très bon. Avec l’étude de lutter contre le striga, nous avons constaté que les fréquences de sarclage et l’utilisation de l’engrais et surtout les parches de café a diminué l’évolution de cette mauvaise herbe… Avec ces études nous venons de remarquer que l’utilisation de l’engrais et le taux élevé de sarclage de nos champs peut nous aider à lutter contre le striga… », a dit Madame DIDI ISAMBA MBAMBU SEMERITA
Dans le site de Bingo, les agriculteurs bénéficiaires de ce projet, notent des avancées significatives dans la fabrication et l’utilisation des biopesticides et des biofertilisants. Au cours de la réunion-bilan animée dans cette partie, ces derniers témoignent l’efficacité des biopesticides et des biofertilisants liquides obtenus de différentes matières organiques et fabriquées localement, sous l’encadrement et l’accompagnement des agronomes de la Ligue des Organisations des Femmes Paysannes du Congo (LOFEPACO).
« Pour fabriquer ces biofertilisants et biopesticides, nous avions pris différentes sortes de feuilles pouvant vite pourrir. Ici, nous y avions ajouté de la farine de blé, de la levure, les laves du volcan, du sucre, nous avions également pris les excréments de la vache juste après son abattage. On a également ajouté du yoghourt et de la cendre. Nous avions mélangé toutes ces matières que nous avions fermentées dans un bidon de 20 litres pendant 21 jours et c’est de cette façon que nous avions obtenu cette eau que nous utilisons comme biofertilisant et biopesticide…Dans nos expérimentations, nous avons constaté que là où nous avions utilisé des crottes de chères, il y a eu une bonne production que les autres places où on avait utilisé d’autres matières organiques. Vraiment la LOFEPACO vient de nous apprendre beaucoup de choses sur les pratiques agricoles et avec ces formations et accompagnements, nous sentons déjà un changement positif dans notre façon de faire mais également dans nos rendements même si nous n’avons pas encore tout appliqué dans nos champs…Que la LOFEPACO puisse continuer à nous apprendre et nous espérons qu’avec ces enseignements nous allons changer notre manière de travailler », ont indiqué les agriculteurs de Bingo.
KAMBALE KAPANZA Olivier, agronome au sein de la CONCENKI, qui a également pris part à cette réunion-bilan, a salué le dynamisme des agriculteurs de Bingo. Partant des difficultés qu’ont rencontrées ces agriculteurs lors de leur recherche action, KAMBALE KAPANZA Olivier les a conseillés de renforcer leurs relations avec les éleveurs pour accéder rapidement et facilement aux fumiers des chèvres ou directement se rendre à l’abattoir pour s’approvisionner en fumier.
« Vraiment nous saluons le dynamisme des agriculteurs de Bingo. Nous trouvons que ces agriculteurs accompagnés par la LOFEPACO savent réellement ce que nous sommes en train de chercher. Dans leur recherche-action, ils se sont butés à certaines difficultés notamment celles liées à l’approvisionnement en fumiers mais aussi pour la fabrication des biofertilisants, ils se sont butés au problème d’accès à certains ingrédients comme la levure, le sucre, la pierre volcanique, vraiment sont des matières qu’ils ne peuvent pas retrouver facilement. Pour ce faire, nous avons réalisé que pour trouver les fumiers il est très important que ces agriculteurs nouent les relations avec les éleveurs pour qu’ils leur donnent facilement les crottes de leurs élevages ou soit se rendre carrément à l’abattoir pour trouver plus de quantité des fumiers afin que les fertilisants organiques puissent être trouvés à un faible prix » a dit l’agronome KAMBALE KAPANZA Olivier de la CONCENKI.
Signalons que dans ces deux sites (Ighaviro et Bingo), les expérimentations ont été faites sur la culture du riz. Il faut noter que le projet Innovation participative des pratiques agroécologiques dans le Nord Kivu (RDC) est soutenu par l’Union Européenne en collaboration avec l’ACP et AGRICORD. Il est exécuté par 4 OP du Nord-Kivu, à savoir la LOFEPACO (Lead), le SYDIP, la COOCENKI et la FOPAC-NK, en partenariat avec le Collectif Stratégies Alimentaires. Ce projet vise à contribuer à un système alimentaire agroécologique plus productif et plus durable dans le Nord Kivu (RDC) par des pratiques agroécologiques innovantes pour une gestion plus durable de la fertilité des sols et la lutte contre les ravageurs des principales cultures vivrières des zones d’intervention (Maïs, riz et pomme de terre).

