Striga, une mauvaise herbe qui inquiète les riziculteurs : ces études menées par la LOFEPACO dans le cadre du projet FORI pour faire face à cette menace agricole

La Ligue des Organisations des Femmes Paysannes du Congo, LOFEPACO, poursuit ses activités d’expérimenter les pratiques agro-écologiques dans ses différents sites (BINGO, KYATSABA, MANDIMBA) dans le cadre du projet « Innovation Participative sur la Recherche-Action sur les pratiques agro-écologiques au Nord-Kivu en République Démocratique du Congo, FORI-RDC ».

Dans son nouveau site, se trouvant dans le bassin de production de Kyatenga, plus précisément dans le village de Ighaviro, en secteur de Ruwenzori, l’équipe de la LOFEPACO, y a installé des essais expérimentaux sur l’adaptation aux effets du changement climatique, d’une part et des mécanismes de lutte contre le striga, d’autre part.

Pour y arriver, l’équipe de la Ligue des Organisations des Femmes Paysannes du Congo (LOFEPACO), composée du coordinateur du projet, du chercheur, de l’animateur et d’un groupe de vingt (20) agriculteurs de Ighaviro, ont procédé à l’installation d’un champ expérimental, basé sur trois (3) protocoles et avec comme thématiques : les effets de trois fréquences de sarclage dans la lutte contre l’invasion du striga sur la culture du riz paddy, les effets du décalage des dates de semis sur le rendement du riz face aux perturbations  du climat et les effets de trois (3) matières fertilisantes sur le rendement du paddy à Ighaviro ; lesquelles thématiques et études porteront sur la culture du Riz.

À quoi consistent ces thématiques de recherche ? cette réponse de l’agronome Kasereka Berekia de la LOFEPACO

KASEREKA MUHONGYA Berekia, agronome et coordinateur du projet FORI au sein de la LOFEPACO fait savoir que les 20 agriculteurs, ensemble avec l’équipe de la LOFEPACO, tireront des conclusions sur la fréquence de sarclage qui se déroulera aux différentes périodes bien déterminées.

 « Nous sommes ici pour voir comment faire pour lutter contre l’invasion du striga dans les exploitations rizicoles. L’expérimentation se réalise dans un champ école paysan et cela sur base de 3 répétitions. Les agriculteurs apprennent dans le champ expérimental et iront appliquer le protocole dans leurs champs pour les mêmes fréquences de sarclage. Le premier sarclage intervient 10 jours après la levée de la semence, le 2ème intervient 20 jours après le 1er sarclage, le 3ème intervient 15 jours après le 2ème sarclage, le 4ème intervient 15 jours après le 3ème sarclage et le 5ème intervient 15 jours après le 4ème sarclage. Avec ces différentes séquences de sarclage, nous allons voir comment se comportera le striga » a indiqué l’agronome KASEREKA MUHONGYA Berekia.

Il ajoute : « La deuxième thématique consiste à voir comment faire pour que les agriculteurs adoptent la date optimale de semis du riz en saison de mars dans le contexte des perturbations du climat et nous procéderons à l’analyse de chaque variable. Ici nous avons quatre petits champs : le T0 où nous venons de semer avant la date connue (semis précoce) ; le T1 un semis qui intervient cinq (5) jours après le semis précoce ; le T2 nous l’avons fait cinq (5) jours après le T1 et enfin nous avons le T3 que nous avons installé cinq (5) jours après le T2. Alors, ici l’analyse de chacune de ces variables nous permettra de voir comment nous pouvons adapter les dates de semis dans cette contrée vu le changement climatique actuelle qui perturbe la production des agriculteurs. »

Expliquant la troisième et dernière thématique consistant à l’étude des effets de trois (3) matières fertilisantes sur le rendement du paddy dont les déchets d’élevage, déchets ménagers et parches décomposées de café, l’agronome MUHONGYA Berekia, indique que cela amènera les agriculteurs à voir comment utiliser ces matières fertilisantes dans leurs champs, pour un bon rendement.

« Ici nous allons évaluer l’effet de déchets d’élevage, déchets ménagers, parches de café, bien décomposées sur le rendement du paddy. Et donc nous avons installé quatre (4) champs, à savoir le T0 où nous n’avons utilisé aucune matière fertilisante, le T1 nous avons utilisé les déchets d’élevage, le T2 les déchets ménagers et le T3 les parches bien décomposées du café. A partir des analyses de différentes variables, nous aurons à tirer également une autre conclusion sur la matière fertilisante pouvant être utilisée par les riziculteurs pour une meilleure production de paddy ici à Ighaviro », conclut l’agronome MUHONGYA Berekia.

Cette satisfaction des agriculteurs de Ighaviro bénéficiaires du projet

Les agriculteurs de Ighaviro, qui ont promis s’approprier ces études ont vivement remercié la LOFEPACO et son partenaire CSA, pour avoir songé à leur entité, menacée par différents problèmes agro-écologiques. Pour eux, la présence du Striga, localement appelé « Kayongo », est un grand défi qui nécessite une solution pour lutter contre l’insécurité alimentaire dans la zone.

« Nous espérons déjà à une suite favorable. Avec cet accompagnement de la LOFEPACO, nous pensons déjà que notre problème va bientôt trouver une solution. Le Striga est en train de réduire nos efforts ici chez nous. Vous pouvez préparer votre champ, vous plantez mais subitement vous constatez que votre champ est déjà envahi par cette mauvaise herbe. Ça influence négativement notre rendement. Nous allons nous y impliquer, pour qu’à la fin de ces études nous obtenions un bon résultat qui nous permettra de lutter contre ce Striga », a dit Ezaboto l’un des agriculteurs, bénéficiaires du projet FORI dans ce nouveau site de Ighaviro.

Il sied de noter que le projet d’innovation participative des pratiques agro-écologiques dans le Nord-Kivu en RDC, est un projet qui prône l’approche Recherche-Action entre les agriculteurs, les animateurs et les chercheurs pour mener des actions à partir des préoccupations de la base. Dans sa réalisation, plusieurs actions sont envisagées ; il s’agit notamment de l’animation des réunions et l’analyse de la situation sur les systèmes culturaux et le système de production dans les exploitations des agriculteurs, les problèmes liés à ces systèmes et les interactions entre les composantes de ces systèmes pour une voie qui mène vers l’amélioration de la situation par les agriculteurs eux-mêmes avec l’appui des partenaires. La LOFEPACO mène ses études avec les agriculteurs de quatre sites : MANDIMBA, KYATSABA, BINGO et IGHAVIRO, c’est dans le territoire de Beni.

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